L’église Saint André

C’est l’impératrice Elisabeth, une des filles de Pierre 1er, impératrice de Russie entre 1741 et 1761, qui, lors d’une visite à Kiev en 1744, décida d’y construire une résidence d’été : un palais et une église. Un jardin dans le quartier de Pechersk fut choisi pour construire la palais (palais Mariinsky), et la colline Saint André fut choisie pour construire l’église du palais. Le 9 septembre 1744, l’impératrice Elisabeth posa elle-même les trois premières pierres de l’église, et son monogramme orne les cartouches dorées des frontons.

L’architecte Francesco Bartolomeo Rastrelli (1700-1771), un des architectes de la cour impériale à Saint Pétersbourg, fut choisi pour construire l’église et le palais. Francesco Rastrelli était le fils de Carlo Rastrelli, un sculpteur italien qui vivait à Paris et travaillait à la cour du roi Louis XIV. En 1716, Pierre 1er invita Carlo Rastrelli pour travailler à la cour de Russie, et Francesco suivit son père, dont il était l’assistant. Son père développa sur le tard un style baroque, mais Catherine II se sépara de lui, trouvant son style trop vieillot.

Francesco Bartolomeo Rastrelli, au contraire, développa un style plus moderne, et devint le représentant le plus important du style baroque dit « élisabethain », une variété du baroque russe de l’époque d’Elisabeth 1ere, également appelé « style rocaille » ou « style rococo ». Ce style est grandiose et destiné à glorifier la grandeur de la Russie impériale. Rastrelli réalisa de magnifiques palais à Saint Pétersbourg, comme le palais d’hiver (qui abrite actuellement le musée de l’ermitage), le palais d’été, le palais de Peterhof, ou encore le palais de Catherine à Tsarskoie Selo. La grandeur de ces réalisations, leur décoration somptueuse, l’utilisation de deux ou trois tons de couleurs pour les façades et le raffinement des dorures caractérisent le style de Rastrelli, qui influença durablement l’architecture russe.

Le palais Mariinsky et l’église Saint André sont ses réalisations à Kiev. Bien que l’église Saint André soit plus petite que ses autres œuvres, elle porte toutes les caractéristiques de son style. L’architecte qui supervisa la construction de l’église, I. Mitchourine, était un ingénieur de Moscou, qui après étude de la colline Saint André, s’aperçut que bien que des fondations solides existent 14 mètres sous terre, il y avait des cours d’eau sous-terrains. C’est pourquoi il fallut renforcer les fondations et cela fut masqué par les appartements des prêtres, en dessous de l’église. Cela explique le « bloc » important sous l’église.

L’église a une hauteur de 20 mètres, et se dresse 50 mètres au-dessus du sol en comptant les fondations. Les quatre tourelles raffinées à colonnes et à petites bulbes allègent la coupole centrale, et sont posées sur des pylônes aux quatre coins de l’édifice. L’église est en forme de croix latine, dite croix d’André, ses façades et saillies sont ornées de groupes de pilastres et de colonnes, de frontons et de cartouches, de guirlandes et de lattes moulurées.

La construction de l’église se termina en 1767, 6 ans après la mort d’Elisabeth 1ere, mais le projet de son auteur ne put être achevé. En effet, avec la mort d’Elisabeth, les problèmes de succession, l’arrivée au pouvoir de Catherine II et la guerre de 7 ans, la cour ne s’intéressa plus beaucoup au destin de l’église Saint André, qui fut délaissée. Le projet initial de Rastrelli fut réalisé lors de la restauration de 1974-1987, sur la base des plans originaux de Rastrelli retrouvés au musée Albertina de Vienne.

Les offices y seront célébrés depuis sa consécration en 1767 jusqu’en 1932. En 1935, l’église fut intégrée dans la branche de la conservation historique et culturelle du « musée ukrainien ». Depuis 1987, elle est incluse dans le musée de Sainte Sophie.