Paris, Montmartre

Balade Montmartre Louvre

Cette promenade, qui part de Montmartre pour arriver au Louvre, est une de mes préférées à Paris : elle relie deux sites emblématiques de la capitale, et fait découvrir au hasard de belles places et de charmantes ruelles, un Paris typique et vivant, hors des sentiers touristiques, fidèle à l’image romantique et bohème de la Ville Lumière.


Première Partie: Montmartre : du village champêtre aux artistes en passant par les barricades

Pour plus de commodité, vous pouvez télécharger le lien vers l’itinéraire ici: link


Le départ de cette promenade est le métro Lamarck Caulaincourt, dans le 18 arrondissement, sur la ligne 12. En sortant du métro, dirigez vous vers le haut des escaliers, traversez la rue Caulaincourt, longez le parc, et après un autre escalier, vous arriverez sur la place Dalida, où se trouve le buste de Dalida, une icône de la pop française des années 1960-1970.


Prenez alors la rue de l’Abreuvoir, sur votre gauche, qui est une de mes rues préférées à Montmartre, et dont je ne me lasse jamais. C’est une des plus pittoresques de Montmartre. Elle est bordée de maisons dont certaines datent du village de Montmartre, comme au 6 et au 14, et doit son nom au chemin dont elle suit le tracé, et que les villageois empruntaient autrefois pour mener leurs bêtes à l’abreuvoir… ce qui explique son tracé sinueux. Au 4, vous verrez une grande villa à colombages, où vécut un historien passionné de Napoléon et de la Grande Armée, décorée d’aigles et avec une cadran solaire. Au bout de la rue, vous verrez la maison rose, datant du 19e siècle et immortalisée entre autres par Utrillo. C’est aujourd’hui un restaurant, et on dirait que ce fut toujours le cas : les artistes s’y pressaient dans de joyeuses réunions, et Utrillo, Gen Paul, Braque, ou encore Camus comptèrent parmi ses illustres clients. La maison est aujourd’hui enserrée dans une villa des années 1930, qui possède un atelier d’artiste.


A hauteur de la maison rose, prenez sur votre gauche pour aller jeter un coup d’œil aux vignes de Montmartre, dont le nom officiel est le clos Montmartre. La présence des vignes date de 944, et au 12e siècle, des vignes sont plantées par les religieuses de l’abbaye de Montmartre. Avec l’appauvrissement de l’abbaye, les religieuses vendent leurs vignes, et Montmartre devient un petit village de laboureurs et de vignerons. Cette ambiance est encore présente aujourd’hui : les vignes témoignent de l’activité agricole qui y régnait autrefois, alors que les petites maisons entretiennent l’impression d’être dans un autre monde, loin de la métropole et de son activité bouillonnante. Toulouse Lautrec et Renoir, notamment, sont venus peindre au clos Montmartre. Les vignes actuelles ont été plantées en 1933, mais l’exposition nord est contre toutes les règles viticoles, et explique une vendange assez tardive (en Octobre, en général). Le vin est pressé dans les caves de la mairie du 18e arrondissement, et vendu aux enchères.


Rendez vous ensuite à la Basilique du Sacré Cœur, en passant par la rue Cortot, beaucoup moins envahie par les touristes que la rue Norvins et la rue des Saules qui y mène. Vous passerez à coté du château d’eau de Montmartre, avant d’arriver à la basilique par derrière. En débouchant sur la rue du Cardinal Guilbert, vous pourrez admirer la statue de St Michel, en haut de la basilique. Prenez votre temps pour visiter la basilique, et admirer la vue depuis le parvis. Topo sur la Basilique.


Quand vous êtes prêts à repartir, repartez avec le flot des touristes jusqu’à la place du Tertre, emblématique de Montmartre, et bourrée de « pièges à touristes », entre les souvenirs, les portraits, et les cafés / restaurants. Dirigez vous vers le sud de la place, et juste avant les escaliers, prenez à droite, sur la place du calvaire / rue Poulbot. Vous passerez près du musée Dali et du musée de Montmartre. Rendez vous ensuite sur la place Jean Baptiste Clément et la rue Lepic. Vous tomberez sur le moulin, qui est une reconstitution du moulin de la Grande Tour, présent à cet endroit au 18e siècle.


Pour les fans de Marcel Aymé, tournez sur votre droite, jusqu’à la place Marcel Aymé, et cherchez la statue du passe muraille:) Pour les autres, continuez la ballade en prenant la ruelle sur votre gauche, qui vous conduira à la maison de Dalida , où elle vécut entre 1962 et 1987. Avant elle, le célèbre écrivain français Céline y vécut jusqu’à la libération. Flânez dans la rue d’Orchampt, avec ses nombreuses maisons et ateliers d’artistes, où vécurent peintres et écrivains à la fin du 19e siècle / début du 20e, comme Pierre Dumont ou Louis Hayet. Marcel Aymé fait séjourner le héro de sa nouvelle « Le Passe Muraille » dans cette rue.


Vous déboucherez sur la place Emile Goudeau, qui était un endroit populaire au 19e siècle (les Parisiens venaient y danser et y manger), et où se trouve une fontaine Wallace. Les fontaines Wallace sont des points d’eau potable publics, en fonte, qui ont été dessinées par le sculpteur français Charles Auguste Lebourg, et financées par le philanthrope britannique Richard Wallace (pensez au musée de la Wallace Collection à Londres, qui regroupe notamment une très belle collection d’art français du 18e siècle). Les fontaines Wallace sont présentes dans plusieurs villes du monde, mais sont en général associées à Paris, car c’est dans cette ville qu’elles furent implantées en premier.


Pourquoi des fontaines ? A la suite du siège de Paris en 1870, l’accès à l’eau devint difficile car de nombreuses infrastructures apportant l’eau ont été détruites par les Prussiens. Le prix de l’eau monte, et il devient impossible aux plus démunis de s’en procurer. Sir Wallace peut ainsi aider Paris sur deux plans : aider les Parisiens de façon concrète en leur donnant accès à de l’eau gratuite, tout en embellissant la ville. C’est la mairie de Paris qui décida où les implanter, afin qu’elles soient facilement accessibles au public et qu’elles se fondent dans le paysage.


Au numéro 13 de la Place Emile Goudeau se trouve le célèbre « Bateau Lavoir », cité d’artistes qui hébergea notamment Picasso et Modigliani. Une cité d’artistes est un lieu composé uniquement d’ateliers d’artistes. En 1889, le propriétaire de cet endroit décide de transformer le bâtiment en ateliers d’artistes, dont la majorité donne sur l’arrière. L’endroit devient rapidement un lieu de rencontre, et on y remarque notamment Paul Gauguin, Max Jacob, Modigliani. Picasso s’y installe en 1904 et y gardera un atelier jusqu’en 1912, ce qui coïncide avec sa « période rose » et il y dévoile notamment en 1907 sa toile « Les demoiselles d’Avignon », qui marque le début du cubisme. C’est au Bateau Lavoir en 1908 que le jeune Picasso, génie de l’art moderne, organise avec ses amis Apollinaire, Braque, Max Jacob, Marie Laurencin et plein d’autres artistes et écrivains, un banquet en l’honneur du Douanier Rousseau, artiste naïf…


La maison est divisée en petits logement d’une pièce, répartis autour d’un long couloir qui rappelle une coursive de bateau. C’est Max Jacobs qui lui aurait donné son second surnom de « Lavoir ».


Après la Première Guerre Mondiale, le Bateau Lavoir perd de son animation : la vie artistique se déplace vers Montparnasse et La Ruche, une autre cité d’artistes. La tradition des cités d’artistes perdure jusqu’à nos jours : il y en aurait environ 200 en France, la plupart en région parisienne.


Continuez votre promenade vers le sud, en descendant la rue Ravignan jusqu’à la rue des Abbesses et la place des Abbesses. Sur votre droite, au 19, vous verrez l’église Saint Jean de Montmartre, à la façade en briques décorée de céramiques du célèbre céramiste Alexandre Bigot. C’est la première église construite en ciment armé (1894-1904) et c’est un des rares exemples d’églises innovantes conçues avant la Première Guerre mondiale avec l’église Saint Louis de Vincennes, qui ouvrira la voix aux travaux notamment de Le Corbusier. Cette église, qui marie les influences byzantines et Art Nouveau, s’inspire des grandes projets de l’époque, comme les stations de métro ou le Grand Palais, et provoqua une réprobation générale. C’est aussi une prouesse architecturale, qui faillit ne pas voir le jour pour non conformité avec les règles d’urbanisme, à cause des planchers de 7cm d’épaisseur et de ses piliers de seulement 50cm de diamètre pour 25m de hauteur. A l’époque, personne n’imaginait encore l’importance qu’aurait le ciment dans la construction au 20e siècle. Ce style architectural particulier vaut la peine d’être découvert, et je vous invite à rentrer dans l’église pour l’admirer plus en détails.


Le quartier autour de la place des Abbesses est pour moi au cœur de ce que j’appellerai le « vrai Paris ». L’ambiance est détendue, les boutiques sont nombreuses et branchées, et les terrasses de café et restaurants sont pléthores. Laissez vous imprégner de l’ambiance de cet endroit, et explorez les rues aux alentours : rue des Abbesses, Durantin, de la Vieuville, Yvonne le Tac. Un peu plus haut sur la place, dans le square Jéhan Rictus, vous trouverez un mur en lave émaillée, ou je t’aime se déclare en 311 langues…


Pour ceux qui ne voulaient voir que Montmartre, vous pouvez continuer votre découverte de Paris et vous rendre à votre prochaine étape en métro, avec la station Abbesse, qui est aussi la station la plus profonde de Paris, à plus de 30 mètres de profondeur. Si vous voulez continuez notre promenade, rendez vous rue des Martyrs..

Voyagez! 😉
Voyagez! 😉