L’église St Cyrille de Kiev
Un trésor méconnu de la Rus de Kiev
Lorsque l’on entre dans l’église Saint Cyrille de Kiev, on a l’impression que le temps s’est arrêté et que l’on se retrouve au milieu de la Rus de Kiev du 12e siècle. L’absence de touristes et le calme de cette église nous transportent rapidement dans un autre monde, avec ses 800 mètres carrés de fresques datant du 12e siècle, encore bien conservées et en partie restaurées au 17e et 19e siècles. C’est officiellement un musée, comme Ste Sophie, mais des offices y ont lieu régulièrement et l’absence de touristes (nous étions les seuls visiteurs !) permet de pleinement profiter de l’atmosphère particulière de ce lieu.
Cette église fait partie de « l’ensemble des bâtiments monastiques » de Kiev qui sont protégés par l’UNESCO, avec la Cathédrale Ste Sophie et la Laure de Kiev. C’est un véritable chef d’œuvre d’architecture et d’art, avec la structure originale de l’église fortifiée, ses fresques du 12e siècle, et certaines fresques restaurées par Vroubel, surnommé le « Cézanne russe ». Avec la Cathédrale Ste Sophie, c’est le seul édifice religieux de la Rus de Kiev qui aie survécu jusqu’à nos jours.
Certains thèmes des fresques de l’Eglise St Cyrille sont très rares dans le monde orthodoxe ou figurent parmi les plus anciennes représentations connues. En outre, grâce à son emplacement en dehors du centre de Kiev, c’est la seule église à Kiev qui a pu conserver sa structure médiévale sans altération majeure : bien que l’extérieur aie des éléments baroques datant de la restauration du 17e siècle, l’intérieur est resté dans son style original du 12e siècle.
A éviter le dimanche à cause des offices religieux (pour voir un office orthodoxe, je recommande la cathédrale Saint Michael le samedi soir à 17:00).
C’est un endroit à ne pas manquer… un des trésors les mieux cachés de Kiev !
A qui conseillons-nous ce voyage?
L’église Saint Cyrille est un des trésors de Kiev, que chaque visiteur devrait aller voir : c’est un des rares édifices qui nous soit parvenu de la Rus de Kiev, et la beauté des fresques ainsi que l’ambiance particulière et assez magique de ce lieu sont marquants.
Le seul bémol est qu’il est difficile de s’y rendre, car l’église n’est pas dans le centre de Kiev. Il est possible de s’y rendre à pied du centre (à partir du bas de la Descente St André), mais c’est une heure de marche, et la deuxième moitié de la promenade est inintéressante et peu agréable, le long d’un axe très passant. Il est possible de s’y rendre en métro puis marshroutka, pour les plus aventureux ou pour ceux qui ont des notions de russe et un bon sens de l’orientation. Sinon, le plus rapide et le plus agréable reste le taxi. Une course à partir du centre ne devrait pas coûter plus de 100 grivnas et devrait durer une vingtaine de minutes. Si vous avez 2 ou 3 heures pour cette excursion, cela vaut vraiment le coup !
La date de construction du monastère St Cyrille de Dorogojitch n’est pas connue précisément, mais les historiens s’accordent à dire qu’il a été construit entre 1140 et 1146 par le prince de Tchernigov Vsevolod (Kyrill) Olgovich, un des Grands Princes de la Rus de Kiev qui régna sur Kiev de 1139 à 1146. Lorsqu’il marcha sur Kiev en 1139, le prince Olgovich s’empara de la colline Dorogojitch, un point stratégique au nord de la ville, et décida d’y bâtir ce monastère en honneur à son saint protecteur, Cyrille d’Alexandrie. Le prince Olgovich était un fin stratège et s’employa à renforcer les fortifications de Kiev, et l’église St Cyrille fut ainsi une église fortifiée, ce qui explique l’épaisseur de presque deux mètres de ses murs. Bien que leurs tombes aient disparu, il y a encore aujourd’hui les niches qui abritaient les tombeaux du prince, de sa femme et de leurs enfants.
L’église fut pillée pendant l’invasion mongole de 1240 et la structure métallique de son toit fut démontée pour produire des armes. L’église fut ensuite laissée à l’abandon, sans toit, pendant plus de 300 ans, jusqu’à la fin du 16e siècle lorsque le prince Vasily-Konstantin Ostrozhsky décida de restaurer le monastère. C’est à cette époque que le mur extérieur fut rénové, et que furent rajoutées les coupoles pour donner à l’édifice l’apparence que nous lui connaissons aujourd’hui, dans le style baroque ukrainien.
A la fin du 18e siècle, la ville fit face à une épidémie de peste, et comme le monastère se trouvait en dehors de Kiev, le pouvoir impérial leur demanda d’accueillir les lépreux. Prenant prétexte du refus de l’abbé, et accusant les religieux de s’occuper plus des affaires terrestres que du religieux, Catherine II ferma le monastère en 1786 et réquisitionna ses bâtiments pour les transformer en hôpital. L’église St Cyrille devint alors l’église de l’hôpital. Un hôpital est d’ailleurs toujours présent à côté du monastère.
En 1929, du fait de son importance culturelle, l’église fut transformée en musée de conservation culturelle, et ceci la sauva des destructions des lieux de culte qui eurent lieu dans les années 1930-1960 en URSS. Le clocher, par contre, fut détruit.
Je vous conseille de lire d’abord la section sur l’architecture, et ensuite sur les fresques et le premier étage.
Voyagez! Energize! 😉